Préparée dans le cadre du laboratoire CEREGE (UR 13564), sous la direction de Nicolas MOINET et la codirection de Olivier COUSSI, cette thèse s’intitule :
Vers une théorisation de l’intelligence territoriale citoyenne au prisme de l’utopie concrète d’Ernst Bloch.
Le cas du processus de création de la Coopérative Ouvrière du port de La Réunion.
- La composition du jury est la suivante :
Mr. Christophe Assens. Professeur, Université Paris-Saclay, Rapporteur
Mr. Norbert Lebrument. Professeur, Université de Clermont-Auvergne, Rapporteur
Mme. Catherine Sarlandie de la Robertie. Préfète, Professeure, Université Paris 1, Suffragant
Mme. Evelyne Lande. Professeure, Université de Poitiers, Suffragant
Mr. Nicolas Moinet. Professeur, Université de Poitiers, Directeur de thèse
Mr. Olivier Coussi. Maître de conférences-HDR, Université de Poitiers, Co- Directeur de thèse
Résumé :
Cette thèse interroge les effets de la société civile sur l’intelligence territoriale (IT), axe d’étude peu investi en général et dans les sciences de gestion en particulier.
L’auteur propose d’ouvrir une voie vers la théorisation de l’intelligence territoriale citoyenne (ITC), entendue comme une dynamique propre à la société civile à produire des effets sur un territoire. À partir du cas emblématique de la création de la Coopérative Ouvrière de La Réunion en 1992, l’auteur interroge la capacité de la société civile à générer, par elle-même, des effets structurants sur le territoire, indépendamment des institutions publiques et du marché.
L’étude s’inscrit dans une posture pragmatiste, mobilisant une étude de cas instrumentale et la théorie ancrée. Le cadre théorique principal, celui de l’intelligence territoriale, est enrichi par la pensée complexe, la systémique et le concept d’utopie concrète d’Ernst Bloch. L’utopie concrète, fondée sur le « quelque chose qui manque » (etwas fehlt), permet de comprendre comment des dynamiques collectives peuvent émerger d’un sentiment d’inachèvement et produire un changement territorial, notamment en rupture d’un ordre établi perçu.
Les résultats montrent que l’ITC se fonde sur des moteurs existentiels individuels et une volonté de transformation sociale issue du vécu des citoyens. Elle constitue une réponse alternative aux modèles institutionnels dominants de développement, souvent centrés sur la valeur économique. L’auteur propose une typologie théorique tripartite de l’intelligence territoriale « pleine et parfaite » : IE (intelligence économique), IET (intelligence économique territoriale) et ITC (intelligence territoriale citoyenne), chacune ayant des logiques et effets distincts, mais interdépendants. L’IT est le point nodal inclusif de l’ensemble des visions politiques territoriales.
Sur le plan théorique, la thèse contribue à repositionner l’intelligence territoriale comme un concept nodal, à la croisée des enjeux économiques, sociaux et politiques. Sur le plan opératoire, elle alerte sur les risques de marginalisation de la société civile dans les dispositifs publics, qui peuvent conduire à une perte de compréhension par le construit d’un écart au territoire et à une inefficacité des politiques locales. La thèse met notamment en lumière les effets sur la veille, la prospective, l’anticipation et leurs enjeux.
Les perspectives ouvertes appellent à un agenda de recherche renouvelé, intégrant pleinement les dynamiques citoyennes dans le champ du management public et de l’intelligence économique et à repenser l’intelligence territoriale comme levier d’émancipation collective.
Mots-clés : intelligence territoriale citoyenne, utopie concrète, société civile, pensée complexe, systémique, Ile de La Réunion
⚠️ La soutenance aura lieu à 14h00 dans l’amphi B100 de l’IAE de Poitiers (soutenance publique).