« Le consommateur et l’expérience du Self-Tracking. Une ethnographie au cœur de trois sous-cultures : la boxe, le CrossFit et le fitness»

Nous avons le plaisir de vous annoncer la soutenance de Monsieur Federico GARCIA BAENA qui défendra ses travaux en Sciences de Gestion en vue de l’obtention du doctorat le mardi 13 décembre 2022, à partir de 9h30 dans les locaux de l’IAE de Poitiers.

Préparée dans le cadre du laboratoire CEREGE (UR 13564), sous la direction de Monsieur Thomas STENGER, cette thèse s’intitule : « Le consommateur et l’expérience du Self-Tracking. Une ethnographie au cœur de trois sous-cultures : la boxe, le CrossFit et le fitness»

La composition du jury est la suivante : 

  • Monsieur Thomas STENGER, Professeur, Université de Poitiers, Directeur de la Recherche
  • Madame Maud HERBERT, Professeure, Université de Lille, Rapporteur
  • Monsieur Renaud GARCIA-BARDIDIA, Professeur, Université de Bourgogne, Rapporteur
  • Monsieur Eric ARNOULD, Professeur, Aalto University, Suffragant
  • Monsieur Nicolas CHANAVAT, Professeur, Université de Rouen, Suffragant
  • Madame Catherine VIOT, Professeure, Université Claude Bernard Lyon 1, Suffragant

 

Résumé :

Le marché du Self-Tracking se développe dès les années 2010 (Zouinar 2019 : 87) autour de montres connectées, de bracelets d’activité et d’applications visant à quantifier le quotidien. Depuis, la recherche en marketing s’est emparée de ce phénomène et a proposé des analyses multiples expliquant comment le consommateur pourrait les adopter (Viot et al. 2017), leurs effets sur les comportements (Helme-Guizon et al. 2016) et le bien-être du consommateur (Etkin 2016). Par ailleurs, toute une littérature en « sciences sociales et […] Science and Technology Studies » (Dagiral et al. 2019b : 22) propose une grille de lecture pour comprendre la place de ce phénomène dans la vie sociale et politique, en mettant notamment l’emphase sur les enjeux néolibéraux de gouvernement des individus (Pharabod et al 2013). Toutes ces perspectives permettent notamment d’éclairer le contexte socio-historique particulièrement propice à l’accueil du Self-Tracking par le consommateur contemporain (Lupton 2015). Toutefois, la littérature laisse de côté l’expérience du Self-Tracking qui reste à ce jour dans l’ombre des raisons politiques (Dagiral et al. 2019b), comportementales (Helme-Guizon et al. 2016) et psychologiques de la quantification (Etkin 2016). C’est cet espace de compréhension de l’expérience Self-Tracking dans la vie socioculturelle et biographique du consommateur que nous souhaitons explorer. Pour accéder à l’expérience (Hirschman et Holbrook 1992), aspect central de la recherche en consommation dans laquelle s’inscrit cette thèse (Arnould et Thompson 2005), nous avons mis en place un design de recherche complexe. Il considère ces pratiques de quantification dans leur contexte socioculturel de (re)production (Trizzulla et al. 2016) à savoir les cultures des activités physiques et sportives. Ainsi situées, cette démarche vise à analyser simultanément le contexte de déploiement de pratiques de Self-Tracking socio-culturellement structurées (Weinberger et Wallendorf 2012), et les réflexions du consommateur dans le contexte de récits et d’expériences biographiques (Sandıkcı et Ger 2010). La visée compréhensive sera examinée à partir de l’expérience incarnée (Schouten et McAlexander 1995). Et cela, au moyen d’une ethnographie en observation participante de plus de quatre ans (Laplantine 1996) auprès de dix participants pratiquant de la boxe, du CrossFit ou du fitness en compétition et en loisir ; mais également de l’équipe de France de Boxe Française. Ces terrains ont permis la collecte des données variées en situation et sur la situation (Arnould et Wallendorf 1994), telles que des entretiens, des notes de terrain, des photos, des enregistrement audio et vidéos (Cléret et al. 2018), des prises de parole en ligne ; mais surtout une expérience somatique du phénomène. Tout ceci permet d’accéder à la façon par laquelle le Self-Tracking se donne dans la vie du consommateur et l’expérience qu’il en fait. Mais également au Self-Tracking tel qu’il se réfléchi et se rationalise dans des unités biographiques, avec une méthodologie considérant le récit biographique (Desmazière 2011). Afin de disposer d’une structure conceptuelle suffisamment robuste pour soutenir cette recherche, le paradigme de la reconnaissance et du don est mobilisé (Lazzeri et Caillé 2004, Caillé 2007, Ricoeur 2004, 2005). Faire le choix d’associer une lecture sociologique (Caillé 2004) et philosophique 3 (Ricoeur 2004), c’est s’assurer de pouvoir disposer d’une grille de lecture suffisamment complète pour comprendre les structures et l’expérience des structures. Cette recherche met en lumière de nouvelles représentations pour la quantification, révélant des pratiques anodines et habitualisées, aux fonctions distinctives, phatiques et performatives enchâssées dans la structure sociale de l’univers culturel des activités physiques et sportives. De là, l’expérience du Self-Tracking est éthique, et permet d’incarner l’idéal de l’Olympisme en tant que grille de lecture morale agissant sur les acteurs de l’univers sportif (Chanavat 2021). Les enjeux de la reconnaissance reposent sur l’expérience ontologique de l’intelligibilité, médiatisée par la quantification, eu égard à un univers de sens totalisant autour duquel gravite un récit biographique significatif. Cela implique l’expérience de la réciprocité, réaffirmant l’appartenance et les positions au sein de collectifs ; et de la mutualité cristallisant un sentiment d’être soi dans une relation bienveillante à autrui. La contribution principale étant une conception plus fine de l’expérience du Self-Tracking, éthique et ontologique pour une expérience située et significative de soi.

 Mots clés : Self-Tracking, reconnaissance, don, intelligibilité, consommateur, ethnographie, sport, expérience. 4

La soutenance aura lieu dans la salle de réunion de l’IAE de Poitiers (soutenance publique).