Jeudi 7 avril 2022, dans le cadre du séminaire transversal du CEREGE organisé par la thématique NUTS, nous aurons le plaisir d’accueillir Jonathan CHIBOIS qui interviendra sur le thème :
« Étudier les interations multiplexes, ou le « numérique » comme représentation sociale située »
Sa bio :
Jonathan Chibois est chercheur en anthropologie politique, Chercheur associé à l’Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain (EHESS, CNRS), Membre de l’European Association of Social Anthropologists (EASA) et enseignant à Science Po Toulouse.
Au croisement de l’anthropologie politique, de la sociologie du travail et de l’histoire des techniques, ses recherches portent sur la transformation des infrastructures de communication au sein des organisations depuis la fin du 19e siècle, avec un intérêt particulier pour leur transition numérique. L’étude du cas de l’Assemblée nationale française pour sa thèse de doctorat l’a amené à faire des institutions parlementaires une de ses spécialisations. Il s’intéresse à leurs activités ordinaires pour en identifier les principes et les dynamiques structurantes, à partir d’enquêtes ethnographiques. Il prend ainsi pour objet leurs infrastructures, c’est-à-dire les outils, les procédures, les corps, les dynamiques de circulations et de coopérations qui permettent à ces institutions d’exister comme telles.
Sa communication :
Titre : Étudier les interations multiplexes, ou le « numérique » comme représentation sociale située
Abstract :
Cette communication a pour cadre une réflexion générale sur la notion de « numérique » comme fait de culture et non pas fait de nature, c’est-à-dire comme une représentation sociale toujours située dans un contexte localisé. L’argument consistera à faire valoir la nécessité, pour les recherches ancrées dans les mondes contemporains, d’abandonner les références implicites aux catégories « en ligne » ou « hors ligne » pour penser les interactions sociales. Pour ce faire, nous défendons la pertinence d’une épistémologie qualifiée de « multiplexe ». Son mérite est d’élargir la question de la matérialité socio-technique des interactions sociales au-delà de leur caractère éventuellement « numérique » afin de tenir compte également de la multitude des autres espaces, canaux et supports où ces interactions sociales se déploient aussi.
À partir d’une enquête réalisée à l’Assemblée nationale française entre 2007 et 2017, nous montrerons par l’exemple comment la notion de « numérique » peut poser problème au chercheur en faisant en elle-même l’objet de dissensions conceptuelles dans un contexte donné, et comment le fait de s’en affranchir permet de renouveler la recherche. Nous présenterons ensuite en quoi considérer la notion de « numérique » comme une représentation sociale est source de connaissance et permet d’envisager les contextes étudiés sous un angle inédit. Nous terminerons en tentant de tracer les contours de cette épistémologie de la multiplexité ainsi que les principes d’une méthodologie ethnographique associée.